Entre deux cartons

Anaïs entra dans une des pièces de la cale, pressée. Les pillages n'avaient pas été trop importants ici, seuls quelques sacs avaient été éventrés. Et d'après le silence de plomb, personne ne risquait de la déranger.

Elle chercha un recoin isolé, et trouva son bonheur entre deux cartons. Dans le sol il y avait une bouche d'évacuation, sans doutes un héritage du cargo, pour le transport de nourriture. Ou d'esclaves, va savoir : tout n'était pas très clair sur ce qui partait vers les colonies spatiales, et les légendes urbaines allaient bon train.

Elle baissa son jogging et s'accroupit au dessus du trou d'évacuation. Espérant secrètement que personne ne rentrerait pour la voir dans cette position plus que gênante, elle soulagea sa vessie, maudissant les restictions d'eau.

Elle s'écarta de la bouche d'évacuation et se rhabilla. Elle imaginea dégouttée l'odeur des cales après une semaine si tout le monde faisait comme elle.

Elle regarda une pile de valises encore intacte. Après tout... Tout le monde le faisait... Elle ouvrit une valise au hasard, et trouva quelques babioles. Une photo de deux enfants qui jouaient dans un jardin. "2 Novembre 2024, Judith et Antoine" disait une note au dos. Les deux enfants lui souriaient, affichant une joie de vivre incoryable, petit ilôt de bonheur au fond d'une cale sombre.

Elle ouvrit une autre valise et trouva une petite barette à cheveux. Elle la mit dans sa poche, puis se ravisa et se l'accrocha. Elle soupira : rien d'utile, que des souvenirs d'inconnus, probablement morts dans les caissons cryo. Cette pensée ramena l'image de ses parents à son esprit. Ils étaient forcément quelque part dans le vaisseau... Elle prit une grande inspiration et décida de retourner à la salle de cryo.