La soute arrière

Accro au Shuttle Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 15/12/2005

Patterson déambula un long moment dans le vaisseau, s'enfonçant de plus en plus dans ses entrailles obscures. Il frissonna en serrant le col de son blouson. Il regrettait d'avoir donné son épais pull de laine à Reya.
Malgré le plan qu'il avait mémorisé, retrouver son chemin dans le dédale de coursives et de sas s'avérait plus compliqué qu'il ne le pensait.

Enfin, il parvint face à un sas aussi imposant qu'hermétiquement fermé. Le numéro dessus indiquait qu'il s'agissait bien de la vaste soute arrière du vaisseau.
Il vérifia que personne ne trainait dans les environs puis s'approcha de la vague lueur du pavé numérique situé à droite des panneaux d'acier.
Espérant que la cryogénisation n'avait pas altéré sa mémoire et les codes qui lui avaient été transmis, il tapa un numéro.

La porte s'ouvrit en silence et un courant d'air glacial s'échappa.
Patterson pénétra dans l'immense soute et ferma immédiatement la porte derrière lui.
L'éclairage de secours jetait une vague lueur sur l'amoncellement de caisses qui encombrait le vaste espace.

Accro au Shuttle Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 15/12/2005

A la lueur blafarde de l'éclairage de secours, Patterson fit un rapide tour d'inspection.
Groupes électrogènes, bâtiments préfabriqués, stations radios, foreuses, buggys, véhicules de travaux, station météo, laboratoires en kit,... il y avait ici tout ce qu'il fallait pour faciliter l'implantation des colons.
L'homme aimait se faciliter la tâche.
Mais cette fois-ci, il en serait autrement.

Patterson trouva enfin ce qu'il cherchait. Il ouvrit une grande caisse et en extirpa quelques rations de survie et une bouteille d'eau.
A la lueur d'une lampe de poche trouvée dans une caisse d'outillages divers, il dégusta lentement son festin.

Tout se déroulait comme prévu et même au-delà de ses espérances.
Le réveil prématuré lui avait permis de nouer un certain nombre de contacts qui lui seraient forts utiles.
Mais on le lui avait appris, on ne pouvait se contenter d'un plan principal. Il fallait toujours au moins un plan de secours.
Il devait maintenant mettre celui-ci à exécution.

Son repas terminé, il se remémora les numéros des caisses qui l'intéressaient.

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G45-E

Patterson s'approcha d'une caisse en plastique renforcé. Il déclencha les fermetures magnétiques et ouvrit l'une des cloisons dévoilant ainsi un groupe électrogène flambant neuf.
A l'aide de sa lampe torche, il l'examina puis extirpa un tournevis de la trousse à outil qu'il s'était passé à la ceinture.
La lampe torche coincée sous le bras, il démonta un des panneaux et se pencha sur la machinerie et les circuits électriques. Il changea d'outil et commença à démonter conscencieusement l'une des pièces intégrée au système.
Il la retira avec d'infinies précautions et la déposa sur un caisson bas.
Il retourna vers le groupe électrogène, remit en place le panneau puis scella la caisse.
Cette précaution n'était pas forcément nécessaire mais il ne voulait prendre aucuns risques, d'autant qu'il n'était pas pressé par le temps.

H63-P

Patterson s'approcha d'une nouvelle caisse.

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Toujours aussi calme, Patterson referma soigneusement le dernier container. Il alla déposa le quinzième et dernier élément sur la caisse baisse qu'il avait choisi comme plan de travail.
Les quinzes morceaux étaient bien tous là, preuve que le réseau avait bien fait son travail.
Il ferma les yeux un instant pour se concentrer. Une fois son esprit complètement vidé de toute préoccupation, le schéma s'imposa à lui.
Il se remémora de tous les gestes à accomplir, un par un, dans le bon ordre et avec toute la minutie nécessaire.
Un souffle s'échappa lentement de sa poitrine.
Il pouvait maintenant se mettre au travail.
Il savait que ses mains effectueraient sans hésiter et avec précision les gestes parfaits pour assembler l'engin.
Il se mit au travail. Assemblage du boîtier, positionnement des circuits, activation de la pile, mise en service de l'alimentation, connection des cables, calibrage des circuits, vérification du bon fonctionnement de l'ensemble.
Il ne lui restait plus qu'à mettre en place le clef de voûte de l'engin, l'élément final qui lui permettrai d'être parfaitement opérationnel.

Avec des gestes précis, il raccorda le détonateur.

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Patterson contempla l’engin de destruction d’un œil satisfait. La bombe ne serait pas suffisante pour détruire instantanément le vaisseau mais elle ferait assez de dégâts pour le condamner à court terme. Le Shuttle, atteint dans sa structure, se démantèlerait progressivement tandis que l’incendie se propagerait partout par les câbles électriques.
Comme pour son homologue maritime, le feu constituait la plus grande menace pour un navire.
Il n’avait plus de temps à perdre maintenant et il se prépara pour réaliser la dernière phase du plan.
Il rassembla dans un sac-à-dos une dizaine de bouteilles d’eau minérale et remplit un autre de rations de survies. Il plaça enfin délicatement l’engin dans une besace.
Il tapota le code pour sortir de la cale.
Ce coup-ci, il n’hésita pas sur le chemin à prendre. Droite, passer un sas, encore à droite puis à gauche et la première porte sur sa droite.
Il pénétra dans le local technique toujours grâce aux codes mémorisés avant le départ.
Toujours calme et précis, il démonta un panneau blindé dévoilant un fouillis de câblages.
C’était maintenant l’étape la plus délicate, d’autant qu’il devait se fier uniquement à sa mémoire et à ce que le technicien lui avait expliqué.
Après avoir attentivement observé l’ensemble du système électronique et repéra le boîtier recherché. Il le démonta et dévoila les complexes circuits électroniques.
Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres.
Ce qu’il voyait était parfaitement conforme au schéma imprimé dans sa mémoire.
Il n’avait plus qu’à brancher le détonateur au bon endroit et la bombe serait opérationnelle.
Il exécuta sans aucune appréhension les manipulations nécessaires.
Et voilà.
Dès que le Shuttle amorcerait une manœuvre de décélération pour préparer l’entrée en atmosphère ou l’accostage sur une hypothétique station orbitale, l’information serait transmise par ce relais et enclencherait la minuterie. Dix minutes plus tard, l’engin accomplirait son œuvre destructive.
Mais, normalement, tout cela ne devrait jamais arriver.
Ils étaient censés évacuer le vaisseau avant.
Il referma le panneau blindé puis, à l’aide de la pointe d’un tournevis, faussa les encoches permettant d’ouvrir le panneau.
Attentif au moindre bruit, il se glissa hors du local technique et, quelques coursives plus loin, se débarrassa des outils dans une conduite d’aération.

Satisfait, il reprit sa route en direction des zones de vie du Shuttle, les deux sacs de vivres sur les épaules.
Son visage respirait un calme parfait.
Inconsciemment, il chantonnait un vieil air de rock.

You know that it would be untrue
You know that I would be a liar
If I was to say to you
Girl, we couldn't get much higher

Come on baby, light my fire
Come on baby, light my fire
Try to set the night on fire