Quand la nourriture vient à manquer

Lentement...sûrement, Slobodan pénétrait dans la salle commune.
Toute son enfance il avait adoré jouer au jeu du policier et du voleur, il y excellait jadis. Mais ce qu’il faisait à présent avait l’effet exactement contraire de ce qu’il voulait, les gens se retournaient sur son passage, étonné de voir quelqu’un se contorsionner dans tous les sens pour longer les murs. Slobodan était une fois de plus dans son monde, rien ne le perturbait, il faisait preuve du même sérieux que celui qui avait consacré se carrière de virologue.

"Je suis invisible, ils ne me voient pas, je suis invisible, ils ne me voient pas…"

Il se répétait le mantra tout en continuant de faire corps avec le mur et de rejoindre le synthétiseur de nourriture. Il allait arriver à son but quand il heurta un charrio de plateaux repas dont il avait mal apprécié la distance.

*Brroooooooooooooooommmmm*

Le boucan fut total. Cette fois tout le monde se retourna. Après tous ses efforts, Slobodan sentait sur lui le poids de plusieurs regards à la fois interloqués et surpris.

"Merdeuux, j’allais réussir, j’suis trop con."

Rouge de honte Slobodan s’excusa de la façon la plus audible qu’il put mais seul un gargouillement se fit entendre. Cramoisie, il se mit à ramasser les plateaux et les remettre en place. Sa couverture était éventée. Pourquoi n’avait-il pas écouté Vincent en se réfugiant directement dans les capsules ? Pourquoi fallait-il qu’il n’écoute pas les conseils des autres ?
Encore quelques plateaux et l’ingrate tâche fut accomplie. Il se retourna vers les personnes présentes et se dirigea d’un pas franc mais le regards fixé sur ses chaussures, toujours rouge de honte vers le synthétiseur.

"J’suis vraiment trop con, j’me suis encore foutu la honte tout seul…Y’a pas à dire j’suis un cas désespéré". Malheureusement pour lui, la faim le ramena à la dure réalité.*gragouille* "Pour ce coup-là il me faudra bien un bon quintal de viande pour me requinquer j’ai l’estomac dans les genoux."

Il s’approcha du clavier et retapa de tête le numéro qu’il avait tapé la dernière fois.
*tip…tip-tip*
Rien…aucun bifteck tant espéré ne sortit.
"Sans doute une erreur de touche"
*tip…tip-tip*
Cette fois encore la machine resta muette.

"Nan mais c’est pas vrai"…La machine avait apparemment rendu l’âme…"Mais…mais…C’est pas possible…C’est l’agence qui a fait le coup c’est çà…Si c’est pas leur tueur qui me trouve, ils ont prit des mesures en bousillant les appareils de bord…Ils veulent me faire crever de faim…"

Noooooooooooooooooooon

Slobodan assena des coups de point au clavier de la machine tout en hurlant avant de se recroqueviller sur lui même. A quoi bon lutter, ils semblaient avoir tout prévu…"je vais crever dans ce vaisseau" .*reniflement*.
"Tout çà pour rien…*reniflement* et ma femme qui pensait me sauver *reniflement* elle a juste retardé l’inévitable…"
Sur un coup de colère, il se saisit d’une chaise et la projeta sur la vitre la plus proche. Peine perdue, le verre organique supporta le choc et renvoya la chaise qui effleura Slobodan.
Ce soudain accès de violence semblait avoir diminué se crise. Il se saisit alors d’une seconde chaise et tambourina de toute ses forces sur la glace. Il voulait, il devait se défouler, çà semblait le calmer.
Personne n’intervenait abasourdis devant un tel déchaînement de violence.
A court de force Slobodan s’effondra au sol, inconscient.
Ses coups n’avaient pas, comme il le souhait, brisé la glace mais une fêlure se dessinait sur la partie haute et courait sur toute la hauteur.

Un silence de mort s’installa. Personne ne bougea sur le moment, s’il y avait eut des mouches dans cette atmosphère décontaminée, on les entendraient à coup sûr.

[HRP]
Je fais çà pour que d'autres que moi trouvent le mess en zieutant la glace.
le bruit des plateaux se repercute dans tout le self, le cri aussi, une minute de silence siouplait
[HRP]

Fondu du noir au blanc sombre...Slobodan commençait à se reveiller. Comment en était-il arrivé là ? Le trou noir, sa mémoire flenchait et semblait se priver d'une partie.
Il releva la tête...le synthétiseur, la glace...oui, tout se clarifiait peu à peu. Il se rappellait ses gestes, incompréhensibles, son attitude, inhabituelle pour un homme de sa trempe.
Il se redressa sur un coude, toujours allongé au sol. Les gens aux alentours s'étaient détournés, très peu s'attardaient pour regarder de tels phénomènes de crises de démence.

Dans un effort qui lui sembla surhumain, il se mit sur ses deux jambes, non sans difficulté, une violente douleur lui barrait le thorax et des crampes paralysait son bras droit.

Tout penaud, il compris la situation dans laquelle il se trouvait. Au départ il devait, de la façon la plus discrète possible, trouver deux trois bricoles pour tenir caché jusqu'à l'arrivée. Son ardeur lui avait permis d'être finalement connus de tous et facilement identifiable. Chaque fois qu'on voudrait faire reférence à lui, on ne manquerait pas de parler de l'épisode du self, des plateaux, de la glace si on avait la future occasion de parler de lui... Il n'avait plus aucun crédit désormais et il le savait, du moins le pensait.

Triste bilan, tous les membres engourdis par le du revêtement du sol, le ventre en feu par une barre de douleur et le bras droit qui pendait sur son flanc, inerte.
Ce n'est qu'après ce bref examen qu'il apperçu l'homme assis sur une chaise pas loin et qui restait les yeux fixés sur lui. Il l'avait déjà vu auparavant sur le shuttle lui semblait-il. N'étais-ce pas ce médecin avec qui il avait parlé ?
L'esprit de Slobodan était flouté mais il n'hésita pas à rejoindre la seule personne qui lui accordait encore un peu de valeur.

Dans l'incapacité de réfléchir à une suite trop longue de mots, il ne réussit qu'à articuler un simple "salut", et s'affala sur une chaise voisine attendant que l'homme prenne la parole.

Il regarda son voisin avec un sourire engageant et vaguement inquiet.
- Monsieur... Cab, c'est bien ça ? Je crois que nous nous sommes rencontrés dans la salle commune il y a de cela quelques jours... même si alors vous paraissiez plus calme et confiant, fit-il observer.
Il hésita à lui demander des nouvelles de cette opération avec les caissons cryogéniques, durant laquelle il l'avait lâché lui et les autres.
Tout le monde craque, n'est-ce pas ? se disait-il. Il était rassuré quelque part, de voir que même cet éminent docteur n'avait pas des nerfs d'acier en la circonstance. Loin de là en vérité...
L'annonce du colonel Irus se fit entendre. Il fronça les sourcils : il ne savait s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle en fin de compte... il commençait à s'habituer aux conditions de vie - de survie pour être exact - de l'endroit, même s'il se sentait coupable d'éprouver un tel bien-être - façon de parler - dans ce vaisseau qui puait la mort et dans lequel ils n'allaient pas tarder à s'entretuer pour de la nourriture.
Il réfléchit quelques secondes, les yeux tournés distraitement vers la vitre fissurée.
- S'ils se débarassent des vaisseaux de survie, il doit être possible de récupérer les rations qui s'y trouvent, n'est-ce pas ? Et je crois que nous en aurons bien besoin. (Il se leva). Vous m'accompagnez, monsieur Cab ? Je crois que marcher un peu vous fera du bien dans l'état de tension dans lequel vous vous trouvez...

L'esprit encore quelque peu altéré...Slobodan réussit à sourir à la remarque quand il entendit l'homme lui parler.

"Enchanté, mais vous faites erreur, je me nomme Kobb, Slobodan Kobb. Mais çà n'a aucune importance, appellez-moi Slobodan.

"Escusez-moipour mon comportement de tout à l'heure, disons que je supporte très mal la sensation de renfermement, la claustrophobie est hélas une autres des foyeusetés qui agrémentent ma vie" dit-il, un rictus de demi-sourir marqué sur les lèvres.

*l'annonce du pilote se fait entendre*

Ah enfin une bonne nouvelle, j'ai hâte de retrouver ce bon vieux plancher des vâches.
Puis en entendant la fin du message, commencà à froncer les sourcils...Ils voulaient évacuer les capsules de sauvetage...Il avait bien entendu...

"Avec tout le respect que je lui doit, ce pilote est taré...ce serait comme virer les chaloupes du Titanic...Si on a un problème, on fait quoi ? On rame ? On va sur Pandora à la nage ?"

Cette fois-ci c'était de la colère légitime, rien de dévastateur en perspéctive, juste une petite colère comme tout le monde pouvait en avoir. L'idée de ce pilote était inconcevable, éjecter leur unique moyen de rester en vie en cas de pépin relevait de la folie pure.

"Vous savez ce qu'on va faire ? Je suis d'accord avec vous sur le fait que s'il vire les capsules, autant prendre les rations avant, elles nous seront plus utiles. Toutefois, je crois qu'on devrait passer outre ses avertissements et en garder quelque une au cas ou. Le pilote fera avec. Je ne désire en aucun cas scier la branche sur laquelle je suis assis.
Donc bon, je vous suis bien volontier surtout que ces rations pourront enfin me soulager de ma faim...Allons-y M. ... excusez-moi mais j'ai oublié votre nom."

- David. Thomas David. Désolé d'avoir écorché votre nom, Slobodan. Malheureusement, j'ai bien peur qu'il ne soit pas en notre pouvoir de décider si nous voulons garder des capsules : l'éjection doit être programmée à partir du poste de pilotage. Il faut partir du principe que le personnel est compétent. J'ai entendu beaucoup de critiques sur eux, mais jusqu'ici je crois savoir qu'ils n'ont pas manqué de nous informer des évènements, aussi je préfère les laisser suivre leur plan. D'autant que tenter de garder des capsules pourrait occasionner les problèmes pour lesquels nous pourrions avoir besoin d'elles... avouez que, passé le côté ironique de la situation, ça n'aurait rien de drôle.
Il se dirigea vers la sortie en soutenant Slobodan, qui tanguait encore légèrement.



[HRP]Je modifierai la fin sur demande, si c'est nécessaire [HRP]

[zone d'embarquement]

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No soucy, il est groggy Dsl à ceux qui voulaient intervenir hier...pouvez toujours vous occuper de la vitre
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