Léda poussa un soupir de soulagement en constatant que la salle était vide. Enfin, elle allait pouvoir faire le point dans une atmosphère saine, dénuée d'ondes perturbatrices d'idiotes pré-pubères siliconées. Ce n'était pas du luxe, vraiment.
Elle s'affala dans un fauteuil, jeta un coup d'oeil distrait à la pièce, et ne se formalisa pas des boutons et autres appareils techniques dont elle se désintéressa aussitôt. Son sac noir posé sagement sur ses genoux, elle s'autorisa à fermer les yeux.
Sam... Quelle idée tordue il avait eu, vraiment. Oui, cette idée de coloniser une autre planète était merveilleuse, très intéressante et abominablement idéaliste, à première vue. C'était surtout - et le visage de Léda se contracta en y pensant - un sacré ramassis de conneries. Tous ces discours sur la gloire de l'humanité... Quand on voyait ce qu'était l'humanité en question, on était en mesure de se demander à quoi pouvait vraiment ressembler sa "gloire". Dès le départ, elle en avait eu conscience. Mais jamais elle n'avait refusé un défi. De toute façon, vu l'entourage dont elle jouissait sur la terre, mieux valait s'éloigner.
Une expression stupide lui revint, et elle sourit machinalement. "Si les cons étaient en orbite, t'aurais pas fini de tourner". Telle était la situation, visiblement: on avait condensé un nombre absolument hallucinant d'abrutis dans une navette qu'on avait expédiée loin de la Terre. Quelle ironie...
Une fois l'atterrissage réalisé, elle s'éloignerait au plus vite de toute cette foule. Si elle pouvait trouver ne fut-ce qu'une seule, une unique personne digne d'intérêt ici! Combien de temps le voyage devait-il encore durer? Et cette pénurie d'Evian dont elle avait vaguement entendu parler... Il faudrait boire de la Vittel, alors?
La vie était décidément bien compliquée... et tellement ironique. Léda se massa doucement les tempes du bout des doigts, et poussa un autre soupir, plus discret.